L’interview de Madame Nathalys Fiokouna

L’année dernière vous avez adapté sur scène « Rhinocéros » d’Eugène Ionesco qui est un auteur contemporain. Cette année vous mettez encore sur scène une pièce de théâtre d’un auteur contemporain. Pourriez-vous nous parler des raisons de vos choix ?

Alors, pourquoi nous avons choisi un auteur contemporain ? Parce que cela me semble plus simple pour les élèves et pour moi aussi plutôt que de choisir un auteur classique comme Molière ou Racine.

Pourquoi avez-vous choisi cette œuvre particulière de Jules Romains parmi les autres ?

Pourquoi nous avons choisi en particulier Knock ? Le problème c’est toujours de trouver une pièce qui ait suffisamment de rôles. Je n’avais pas d’idée et puis j’ai vu une affiche en France, de Knock qui était adapté au cinéma et je me suis dit pourquoi pas. Effectivement, cela aborde le thème de la médecine. C’est un classique en France. Ce n’est pas un classique du XVIIème siècle mais c’est une pièce que les Français connaissent et pour moi, dans l’atelier théâtre c’est toujours une occasion pour faire découvrir aux élèves des textes du répertoire français.

Comment avez-vous distribué les rôles aux comédiens ?

Dans un premier temps, nous demandons aux comédiens de choisir le rôle qu’ils voudraient jouer. Ils doivent lire toute la pièce et ils font des propositions mais nous, comme on fait des préparations au cours des ateliers, nous regardons comment ils évoluent, comment ils sont dans les petits exercices que nous donnons, comment ils sont impliqués. C’est-à-dire par exemple, cette année nous leur avons demandé, puisque je travaille avec une professeure de « drama » qui est turcophone, nous avons demandé aux élèves de traduire de traduire chacun une partie. Evidemment nous avons d’abord expliqué la pièce; ils sont francophones, ils ont compris mais j’avais quand même apporté des précisions. Pourquoi ce travail ? C’est vrai que c’était pratique pour ma collègue Zeynep Tüzün mais pas seulement, c’était aussi pour que les élèves lisent vraiment toute la pièce, ne la survole pas, mais la lise un peu en profondeur même si on en avait déjà parlé. Donc ce travail-là permettait aussi de voir à quel point ils allaient s’impliquer, il y a ceux qui ont fait le travail de façon très rapide et très sérieuse et d’autres qui étaient moins impliqués alors de cette façon là, ça nous permet de voir ce qu’ils pourront faire, est-ce qu’ils peuvent supporter un rôle avec beaucoup des textes ? Est-ce qu’ils peuvent supporter une grande charge de travail ? Voilà, cela nous aide aussi à choisir.

À votre avis, que va apporter votre pièce de théâtre aux spectateurs ?

« Que va apporter la pièce aux spectateurs ? ». J’espère qu’elle apportera du plaisir, c’est le but de toutes les pièces, ou du plaisir et aussi qu'elle leur permettra de réfléchir. Parce que des fois on rit et à la fin on se demande, quel était le message. L’idée de faire réfléchir et de faire rire en même temps. Et plutôt de faire rire et comme disait Molière: "Derrière le rire il y a la réflexion."

Quelle était la partie la plus difficile à mettre sur scène pour vous ?

En fait, c’est une pièce où il y a donc beaucoup de consultations médicales, et il fallait adapter pour que le public ne s’ennuie pas en voyant beaucoup de consultations médicales mais en même temps arriver à donner l’essentiel du message et on essaie de faire en sorte que la pièce ne dure pas trop longtemps.

Nous savons que vous allez représenter votre pièce au festival Grain de Scène qui se déroule au Puy en Velay en France et que c’est la deuxième fois que vous y allez. Quels sont les avantages pour les élèves de participer à un festival à l’étranger ?

Un festival à l’étranger ça leur permet de rencontrer un autre public. Selon moi, et quand ils sont en France par exemple, ils sont devant un public totalement francophone et ils voient ce que perçoit le public pour lequel c’est un classique. Je trouve intéressant que les élèves puissent se faire comprendre, qu'ils soient bons dans leur jeu, dans leur langue, dans leur pratique théâtrale. Je trouve que c’est gratifiant d'aller à l’étranger mais surtout en France, mais on va aller à Istanbul et on participe à plusieurs festivals, ils ont donc la possibilité de représenter leur pièce plusieurs fois et on va rencontrer d’autres personnes qui aiment le théâtre.

Nous savons que c’est toujours difficile de trouver les tenues adéquates aux comédiens tout en tenant compte de l’époque ou du rôle. Nous voudrions savoir comment vous avez réussi à gérer cela ?

Pour les costumes nous avons réfléchi avec les élèves, avec les comédiens, nous avons réfléchi ensemble et puis ensuite nous avons choisi et nous les avons aussi poussés à prendre des tenues qu’ils avaient sans faire de frais particuliers. On les voulait à la fois pour son époque mais le spectacle devait pouvoir faire le lien entre aujourd’hui et hier sans être forcement trop moderne. Chacun donne ses idées et nous avons choisi des idées.