Interview avec Monsieur Denecker.

Nous savons que cela fait depuis 33 ans que vous exercez dans un métier qui fait partie du théâtre. D’après votre expérience, pourriez-vous nous dire les côtés positifs et négatifs que vous avez rencontrés dans ce métier ?

C’est vrai qu’il y a quelques côtés négatifs mais pas beaucoup finalement parce que le positif prend sur le dessus du négatif. C’est un métier tellement passionnant, prenant que finalement quand il y a un moment négatif je ne m’arrête pas dessus. C’est un plaisir total de faire ce métier-là, de partager aussi ce métier avec des gens, que ce soit des enfants ou des adultes, quel que soit le public, lorsque l’on est sur scène c’est pareil, partager une histoire avec un public. Le seul côté négatif : je ne suis pas riche.

Nous avons appris que vous préférez faire du théâtre avec les petits et les ados. Pourriez-vous nous dire quelles sont les raisons d’un tel choix ?

Ce n’est pas une préférence spéciale mais j’aime bien faire découvrir le théâtre à des enfants ou à des ados. Je travaille avec des adultes, ce sont des handicapés mentaux. Je pense que les enfants, les ados et les handicapés mentaux ont aussi des choses naturelles à m’apporter. Alors qu’un adulte est déjà positionner dans sa vie, il sait ce que c’est que le théâtre. Il y a des échanges très intéressants aussi mais c’est vrai que durant toute ma carrière, j’ai beaucoup plus travaillé avec des enfants, des ados ou des handicapés qu’avec un public d’adultes. Mais, je fais aussi du spectacle plus familial, pour la famille que de jouer que pour un public adulte. J’en ai déjà fait des pièces pour un public adulte. Mais je préfère travailler devant un public familial, devant un public seulement d’enfant aussi parce que la famille peut partager après l’histoire avec ses enfants. Ils peuvent avoir un échange et l’histoire continue à la maison.

Vous nous avez dit lors de votre précédent reportage que vous n’avez jamais eu l’occasion de faire du théâtre en Turquie. Si l’occasion s’y présente un jour, dans quelle pièce auriez-vous voulu avoir un rôle ? Pourquoi ?

J’ai dit cela mais depuis cette situation a changé car j’ai joué à Istanbul au mois de mars. J’espère aussi continuer à jouer dans d’autres endroits en Turquie. Ce n’est pas un choix de pièce particulière. En fait des gens d’Istanbul et d’Izmir sont venus me voir jouer au théâtre il y a un an à Paris. Je jouais tout seul un personnage et ces deux personnes ont eu le désir de me faire venir jouer soit à Izmir soit à Istanbul et c’était un peu compliqué au niveau du décor. Du coup, je me suis dit que j’allais garder le même personnage mais que j’allais raconter autre chose sans décor. C’est le même personnage avec une chaise et tout le reste était du visuel, il y a du texte et le titre c’était SCF car c’est le personnage du précédent spectacle qui raconte autre chose. SCF joue Don Pierre Lotte, c’est l’histoire de Don Quichotte et je joue six personnages différents. Donc ıl y a beaucoup de texte, de visuel, de jeu. Je joue la duchesse, une paysanne, don Quichotte, Sancho, l’aubergiste et un garagiste. Donc j’étais très content de venir jouer à Istanbul et j’espère que je viendrai un jour jouer à Ankara pendant les Tevfik.

Nous avons appris que vous écrivez des pièces et que par la suite vous les étudier avec vos élèves. En quoi consiste ce travail d’étude avec les élèves ?

Dans mes divers ateliers, soit je fais une adaptation soit j’écris moi-même mes pièces tout en improvisant. Après on fait un travail autour de cela, je monte le spectacle avec eux et il se joue en général au mois de juin. J’aime bien écrire pour les autres et non pour être publié. J’écris que pour moi-même et après pour les monter avec les gens que je travaille dans les ateliers.

Nous pouvons dire que le choix des pièces, le jeu des acteurs rapportent une certaine liberté à la troupe. Pensez-vous qu’il serait préférable d’avoir un thème précis pour le choix des pièces ? Pourquoi ?

Tout dépend du metteur en scène, de ce qu’il veut monter parce que c’est lui qui est prioritaire. Après, si c’est une troupe qui est ici à l’école où le metteur en scène ou la metteuse en scène discute avec ses élèves qui font partie de la troupe de théâtre, il peut avoir un échange et leur demander sur ce qu’ils veulent travailler. C’est dans un autre contexte. Moi, personnellement, quand je monte une pièce avec d’autres gens, quand je mets en scène, j’adapte et je joue en tant que professionnel comme comédien ou metteur en scène, c’est moi qui choisis par rapport au personnage qui existe dans la pièce, par rapport à ce que je veux monter. Donc je fais passer des auditions et je vais prendre la personne qui va correspondre au personnage. Après dans les ateliers avec les ados, je leur demande sur quel sujet ils voudraient travailler et à chaque fois ils veulaient un truc de rigolo. Et les parents par contre veulent que leurs enfants travaillent plus sur des choses un peu plus sérieuses mais bon j’essaie de faire un mélange des deux. Les deux dernières années, avec les ados qui avaient entre 15 et 18 ans, c’était du théâtre de boulevard. Le théâtre de boulevard, c’est un théâtre qui fait rigoler. Les parents voulaient autre chose. C’est pour cela que j’ai travaillé sur une pièce qui n’est pas du tout du théâtre de boulevard. Mais avec les plus petits, je ne leur donne pas le choix, j’impose car ils ne savent pas trop. Le sujet que je choisis, je sais qu’ils vont bien l’aimer. Je ne vais pas choisir un sujet qui va les ennuyer sinon je sais de toute façon que ça va être difficile de travailler toute l’année sur un sujet qui va les ennuyer. C’est pourquoi je choisis en général des sujets qui sont amusants, qui fait rire. Les petits ont entre 6 à 10 ans. J’ai mélangé un peu avec des élèves du collège. Ils travaillent de façon séparé jusqu’à aujourd’hui mais comme ils vont jouer dans la même pièce, ils vont intégrer le groupe des collégiens à partir de la semaine prochaine. C’est une histoire qui se passe à l’époque de la préhistoire et ils jouent le rôle des enfants. Je sais que ça va marcher car c’est un sujet amusant avec les hommes de Cro-Magnon, etc… Kayra Gönenli