Interview avec Madame Catherine Ferraris, responsable de la troupe du lycée Galatasaray.

Quelle a été votre priorité pendant la sélection des comédiens ?

Moi, je suis arrivée à Galatasaray cette année et j’avais demandé donc à mener un atelier de théâtre. Il existe des clubs théâtre français, les élèves qui le souhaitaient se sont inscrits et m’ont dit il y avait le festival d’Ankara. Il a fallu réfléchir à une pièce donc à la monter.

Quand les comédiens montent sur scène, pouvez-vous nous dire quelles sont les caractéristiques du personnage principal qui permettent aux spectateurs de le différencier des autres comédiens ?

Une pièce est un ensemble de personnages qui ont tous des rôles et des fonctions. Il se trouve qu’en effet dans cette pièce-là, il y a le fil rouge qui est donc le personnage principal de ce jeune turc qu’on va retrouver dans toutes les scènes. Je vais répondre d’une manière un petit peu générale. Un personnage, il existe à travers quoi ? À travers quoi les spectateurs le voient ? C’est son costume, son apparence, sa manière de marcher, puis après c’est ce qu’il dit. Il existe à travers sa parole et ce qu’il est. Donc ce personnage qui s’appelle Berk, on va le trouver tout au long de ces scènes-là confronté avec d’autres, puisque le but c’est de prendre des leçons pour être proche du modèle français.

Pendant la mise en scène de la pièce et des répétitions, comment était l’atmosphère dans la troupe et entre les responsables ?

Je suis la seule à m’occuper de ce club. Comme nous en avons parlé, c’est moi qui ai écrit la pièce, l’idée de départ c’est le Bourgeois Gentilhomme. Puisqu’en fait il ne s’agit pas d’un Bourgeois Gentilhomme, qui parle d’un bourgeois qui veut accéder à une certaine classe sociale qui est la noblesse. Donc si on pouvait acheter ou apprendre à être noble ! Et comme Louis XIV avait demandé à Molière de lui écrire cette pièce en mettant des turqueries, j’ai trouvé très drôle d’inverser la situation puisqu’étant en Turquie. Finalement, le Turc serait ce bourgeois gentilhomme qui voudrait accéder à l’identité du Français. Evidemment c’était pour mettre en place tous les clichés, qu’est-ce que c’est que d’être français ? La fin de la pièce pose évidemment la question de l’identité, est-ce qu’on peut être quelqu’un d’autre par les apparences, apprendre à être quelqu’un d’autre ? Il faut voir la pièce pour comprendre.

Et selon vous, comment « peut-on être français » ?

« Comment peut-on être français ? » Je ne pense pas qu’on peut être français, c’est très intéressant, je suis toujours intéressée par les multi culturalités c’est-à-dire, on rencontre beaucoup de couples mixtes, des gens qui sont nés dans d’autres pays. Nous sommes ce qu’on est fondamentalement avec justement ce que nous transmet la famille: les valeurs. Et puis je ne peux pas répondre à cette question, comment peut-on être français ? On est français par adoption, on est français parce qu’on est né, qu’on y vit… On peut être français puis ne jamais vivre en France. Ce que je voulais montrer dans cette pièce, le but, ce n’était pas la dénonciation mais tous les clichés, comment finalement les étrangers se représentent la France. Donc c’est pour cela qu’on a parlé de gastronomie, de l’élégance, d’un bourgeois gentilhomme qui prenait des cours de danse, d’escrime, c’est pourquoi là, j’ai mis un coach sportif. Donc un peu de ce qui est représentatif: le luxe, l’élégance, la grande culture et tout cela est évidemment dans cette pièce.