Interview avec les responsables de la troupe du lycée Tevfik Fikret d’Ankara

Depuis combien d’années participez-vous aux Tevfik d’Or ?
Nathalys Fiokouna : Moi, c’est la première année que je participe comme responsable de troupe. Depuis que je travaille à Tevfik Fikret je participe aux Tevfik d’Or, toute l’équipe y participe, c’est un projet du département, tout le monde est impliqué
Aylin Öcel : C’est ma première année.

Depuis combien de temps vous occupez-vous du théâtre? Pourquoi ?
N : Je m’occupe du théâtre depuis cette année car les personnes qui étaient responsables l’année dernière : madame Catherine et monsieur David sont partis, donc il fallait trouver de nouvelles personnes et je me suis proposée ainsi que madame Aylin.

Comment avez-vous choisi les acteurs ?
A : Alors il y avait le double de candidats par rapport au nombre d’ acteurs que nous avons maintenant. Nous avons d’abord proposé à tout le monde de faire des ateliers, ensemble. Ensuite nous avons passé plusieurs semaines en faisant des jeux de théâtre et nous avons essayé de voir qui pouvait se concentrer, qui venait régulièrement, qui était plus sérieux, et après nous avons fait une audition et nous avons choisi en fonction des éléments que nous avions observés.
N : On ne s’est pas arrêté au sérieux des élèves mais aussi au fait qu’on leur a demandé de jouer une émotion. On leur a demandé de faire une des activités théâtrales, et on a regardé comment ils s’y investissaient, c’est-à-dire leur capacité à se mettre dans la peau d’un personnage.
Est-ce qu’il le faisait ou est ce qu’il ne le faisait pas. Est-ce qu’ils restaient eux-mêmes, ou est-ce qu’ils arrivaient à devenir un personnage. Voilà ! C’était des petits exercices. Et enfin on leur a demandé effectivement d’apprendre une partie de texte, une toute petite partie qu’ils allaient jouer pour montrer qu’ils pouvaient jouer leur rôle.

Depuis combien de temps vous vous préparez pour ce spectacle ?
N : Depuis le début de l’année. En fait on a commencé début septembre. De septembre à novembre on avait 20 personnes. C’était beaucoup trop. En novembre on a fait une audition et en décembre on était plus que 10. En fait on ne pouvait pas garder tout le monde mais on ne pouvait pas garder non plus seulement 3 personnes. Mais les élèves étaient motivés donc on a voulu garder beaucoup de monde. Avant les vacances de février, on leur a donné le texte et après on leur a demandé de choisir leur rôle.
A : Depuis le mois de septembre. Mais ce n’était pas tout au début du mois de septembre car il y avait des semaines où on n’a pas pu se réunir. Nous avons essayé de travailler avec le plus de personnes possibles.

Comment avez-vous choisi la pièce que vous avez présentée ?

A : C’est Nathalys qui l’a choisie.
N : Comme je l’ai expliqué hier, quand vous étiez en 10ème vous avez lu Antigone de Sophocle. J’avais vu ça l’année dernière et je me suis dit que c’était intéressant. Moi j’aime bien cette pièce. Je me suis dit également que comme les élèves de Tevfik Fikret connaissaient déjà cette pièce, on pouvait proposer la version française pour le théâtre.
Et la deuxième raison c’est que cette pièce parle d’une adolescente qui se révolte contre la société. On est entouré d’adolescents, de jeunes. En tant que jeunes on est souvent en opposition avec le système, l’école. De plus, c’est bien écrit, un beau texte.

Quel est le personnage qui vous a ému parmi les personnages de la pièce ?
N : Tous les personnages, tous les comédiens m’ont émue. Créon, quand il est joué par Gökberk il nous touche beaucoup. C’est que le prologue n’a pas un rôle qui va toucher de la même façon. Créon a un rôle qui est crescendo et qui est là pour toucher et je trouve que c’est réussi.
A : Pour moi depuis le début, c’est Antigone qui me touche le plus. Les autres personnages me touchent aussi pourtant, je suis émue par le conflit qu’ils ont vécu dans les choix qu’ils avaient à prendre mais au pied du mur, toute une ville dit oui. C’est pourquoi une jeune fille qui dit non ça m’a toujours beaucoup émue.

Quelles critiques vous aimeriez entendre des spectateurs ?
N : J’aimerais que les spectateurs comprennent la pièce, c’est tout. Les critiques sont toujours bonnes à prendre. J’espère qu’ils ont réussi à comprendre parce que nos spectateurs sont les élèves de Tevfik Fikret. Le texte d’Antigone est un texte lourd.
A : Ce qui est le plus important, c’est d’avoir eu un échange entre le public et nos comédiens et aussi l’épanouissement. J’espère qu’ils ont pu être contents du résultat.

Selon vous quel est le meilleur côté des Tevfik d’Or ?
N : Cette année, à part la météo, tout va très bien. Il y a la pluie mais je trouve que les Tevfik d’Or, c’est un très très bon projet, un très bon festival car les élèves se rencontrent et ont la possibilité d’échanger beaucoup de choses. Mais ce qu’on ne sait pas c’est que les élèves, vous ; les journalistes, vous êtes très autonomes et je trouve que ça fait grandir tout le monde.
A : C’est la première fois que je participe donc c’est une première expérience, une découverte pour moi. C’est vrai que nous avons aidé la troupe à se préparer avec ma collègue mais je n’étais pas dans l’organisation du festival. J’étais une des animatrices de la troupe de notre lycée donc en fait je suis en train de découvrir. C’est merveilleux, c’est impressionnant. Je pense que c’est une organisation assez compliquée à mettre en place et je trouve que chaque personne qui a un rôle, d’abord les élèves après les enseignants et les personnes qui interviennent de l’extérieur, le remplissent avec perfection et dévouement. C’est cela qui m’impressionne le plus.

Que vous apporte le théâtre ?
A : Première chose : l’échange, je peux échanger. Quand j’essaye d’être comédienne moi-même, si je suis sur scène, j’échange avec d’autres acteurs. Si je travaille avec une autre troupe, le moment du partage avec le public , avec vous , avec d’autres personnes qui participent au projet est émouvant et, à chaque fois je suis très enthousiaste.
N : En tant qu’être humain, en tant que citoyenne, les mots de théâtre sont plus beaux que les mots de l’actualité. Je trouve que les textes nous font grandir, nous donnent de la hauteur, nous font réfléchir avec plus d’intelligence. Ça c’est pour le théâtre en tant que texte.
Ça me donne la chance de pourvoir travailler avec des élèves, autrement que dans une salle, sur un spectacle vivant. Ils vont trouver un moyen de ne pas se perdre. On fait des cours, mais avec l’atelier de théâtre c’est une autre forme de communication pour moi et pour les élèves. Je suis très contente de tous ces aspects.
Deniz Kulakoğlu - Beyza Karakum