Entretien avec Monsieur Uğur Aktaş, responsable de la troupe du lycée Saint Benoit Istanbul.

Nous savons tous qu’en général vous écrivez vos pièces. Nous voudrions savoir quelles ont été les motivations du scénario de cette année ?

Cela fait presque 30 ans que je fais du théâtre. Pour moi, écrire est un plaisir. Quant à mes motivations d’écrire cette pièce de théâtre cette année, ce sont les jeunes et la société d’aujourd’hui. Car nous dépendons tous un peu de cette société de consommation qui aime surtout surconsommer. On ne fait pas attention à nous nourrir sainement non plus. Nous savons que les médias ont une grande influence sur les jeunes au point de voir et de tout croire. De nos jours, les relations entretenues sont presque distantes et l’affection, la gentillesse, la politesse disparaissent petit à petit. Peut-être que je dramatise trop mais il y a des problèmes de contact importants entre les gens. On s’empoisonne, on boit, on mange n’importe quoi, on court après les grandes marques, on dépense de grandes sommes d’argent alors qu’il y a des gens qui meurent de faim dans le monde. On est très indifférent, on est triste d’accord mais on ne fait pas grand chose non plus. C’est pourquoi, Madame Glyphospathe, qui est une dictatrice, représente l’état de ce que nous sommes, donc nous sommes tous des « Madame Glyphospathe ».

Quand avez-vous fait la sélection de vos comédiens?

Alors, ça c’était un grand problème. Au début, on avait une autre pièce à jouer. Madame Glyphospathe était une pièce que j’avais en tête mais que je ne l’avais pas encore écrite car c’était une pièce qui ne demandait pas beaucoup d’acteurs. Mais au début de l’année scolaire, il y avait beaucoup d’élèves qui voulaient faire du théâtre en français mais certains se sont désistés par la suite. Je ne sais pas pourquoi et c’est pour ces 5 élèves de la troupe que j’ai réécrit la pièce pendant 1 ou 2 mois. Pendant l’écriture, j’ai essayé de tenir en compte le caractère et le portrait physique des élèves. Les élèves ont choisi eux-mêmes leur rôle et je les remercie.

D’après le résumé de la pièce, le thème général est la science-fiction. Voudriez-vous nous expliquer les raisons de ce choix ?

On peut dire que c’est de la fiction et Madame Glyphospathe est un personnage fictif et c’est plus facile à raconter de façon réaliste. La pièce devenait trop didactique. Il n’y avait pas de côté artistique. On montre seulement des gens qui donnent des conseils tout en gardant un côté amusant. C’est une pièce comique. Bien sûr, le message est tragique mais donne à travers les sourires et le plaisir son message. On a essayé de montrer dans quel état nous vivons actuellement.

Quels ont été les moments les plus faciles et les moments les plus difficiles pendant les répétitions ? Pourriez-vous partager avec nous certaines anecdotes ?

J’ai de bonnes anecdotes mais la pire c’est une des comédiennes qui a quitté la troupe deux semaines avant les Tevfik d’Or. Elle était paniquée et m’a dit qu’elle ne pouvait plus continuer. Alors là, c’était la déception totale pour toute la troupe. On était complétement démoralisés. On ne savait pas quoi faire. Et, heureusement qu’une élève de neuvième l’a remplacée et en deux semaines elle a appris son texte par cœur et s’est adaptée à son rôle.

Nous savons qu’au début du spectacle il y a une musique amusante et à la fin une musique qui fait la morale à Madame Glyphospathe. Pourrions-nous dire que vous avez mis sur scène une comédie musicale ?

Non, ce n’est pas une comédie musicale.
Qu’on mette de la musique chantée par des célébrités mondiales c’est pour plaisanter, pour montrer aux gens l’influence des médias, de la musique, de la mode et qu’ils se créent un monde à partir de cette mode, qu’ils obéissent un peu à ceux qui les empoisonnent, parce qu’il y a vraiment des gens qui sont capables de le faire à travers les mots, les produits, les sensations. Et, vers la fin bien sûr, il y a eu un petit retour sur soi- même. C’est-à-dire que les comédiens, les personnages découvrent la nature à partir d’une petite fleur et on a ajouté une mélodie douce pour se calmer, se détendre un peu parce que les chansons chantées au début étaient très fortes, très joyeuses, très dynamiques. Et vers la fin on a voulu donner un aspect calme, serein, un petit message qui dit qu’ il faut se calmer et observer la nature, les animaux et les plantes qui disparaissent.

Oğuz Ünsoy