Bonjour Monsieur Boulay. Vous êtes metteur en scène, vous dirigez une compagnie de théâtre et vous êtes en même temps pédagogue. Parmi tous les titres, lequel est prioritaire pour vous ? Pourquoi ?
Je pense que c’est metteur en scène. D’abord parce que quand on fait de la mise en scène, on travaille sur plusieurs choses en même temps. On travaille d’abord au sens de l’œuvre, de la pièce choisie. On travaille ensuite pour composer une équipe, c’est-à-dire l’équipe c’est le sténographe, l’éclairagiste, le dramaturge, différents collaborateurs et enfin la dernière chose quand on est metteur-en-scène on travaille avec des acteurs sur le plateau. Donc la mise en scène c’est assez complet. En plus, ensuite on réfléchit avec les directeurs de théâtre à quelle période on va montrer cette pièce, pourquoi on la montre ensuite, on rencontre des journalistes, on rencontre des spectateurs donc en fait la mise en scène c’est quelque chose qui est vaste et dans la mise en scène parfois il y a aussi une partie qui est un peu de la pédagogie pour faire comprendre aux acteurs et à son équipe ce qu’on cherche, donc c’est complet.
Nous savons que cela fait maintenant depuis quelques années que vous assistez en tant que jury au festival des Tevfik d’Or. Pouvez-vous nous parler de ce qui vous motive à y participer ?
Je suis toujours très curieux. Je pense que tant qu’il y a de la curiosité il y a du désir, de l’envie, il y a et de l’attention. Je pense qu’aujourd’hui, on est dans une société où on a besoin de beaucoup plus d’attention que les autres. C’est important.
On oublie d’être attentif aux autres. Cela, c’est la première raison et la seconde raison; c’est que chaque année il y a toujours eu un moment de théâtre étonnant, une pépite, un trésor. Je suis curieux et dans l’attente et j’ai besoin d’être surpris.
Nous pouvons dire que la semaine des Tevfik d’Or est une semaine riche en art, mais épuisante à la fois pour les comédiens et vous les jurys. Vous est-il arrivé d’avoir un a priori dès le début d’une pièce ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Non, je n’ai jamais d’a priori. Quand un travail m’est proposé, je suis dans une ouverture, je suis dans une disponibilité, dans une écoute donc c’est l’inverse d’un jugement, d’un a priori.
Comment expliquez-vous qu’un élève timide dans sa vie quotidienne puisse être totalement extraverti sur scène ? Pouvons-nous dire que c’est la magie de cet art ?
A la fin du festival, il y a un prix qui attire en particulier l’attention des troupes, « le prix du jury ». Vous êtes trois jurys à en décider. Nous aimerions savoir sur quels critères communs vous avez un avis unanime pour délivrer ce prix ?
Il y a certaines troupes qui repartent sans avoir eu de prix. Pensez-vous que l’engagement et l’investissement des élèves tout au long de l’année doit être forcément récompensé par un prix ? Pourquoi ?
Depuis des années vous assistez et encadrez des troupes de théâtre. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient continuer leur parcours professionnel sur cette voie ?
Alors, je pense qu’il faut aller beaucoup au théâtre, aller regarder comment les professionnels font le théâtre pour continuer. Il faut éduquer son regard et qu’il faut aussi une école du spectateur. C’est-à-dire comment on regarde le théâtre, comment on le voit ? Pour apprendre le théâtre ce n’est pas simplement le pratiquer, il faut beaucoup le regarder.
Elif Göcen - Işıl Aygün