Entretien avec Madame Itela

Bonjour Madame Itela. Nous savons que vous êtes comédienne. Voir les jeunes comédiens sur scène vous rappelle-t-il vos débuts au théâtre et les difficultés que vous avez rencontrées par manque d’expérience ?

Oui bien sûr. Quand j’ai commencé à faire du théâtre j’étais au lycée et c’est vrai qu’en fait aujourd’hui je suis enseignante donc j’ai l’habitude de voir des élèves qui commencent, qui débutent qui sont parfois mal à l’aise, qui pensent que tout se passe par le dire, par la bouche qui oublient qu’il y a aussi l’espace et le corps.

En fait la chose que je vois le plus souvent et qui me rappelle mes débuts c’est vraiment cet aspect-là. Quand tout commence et qu’on pense que tout va se passer avec ce qu’on dit en oubliant qu’il y a aussi ce que l’on fait avec son corps, l’espace et tout ce qui va venir accompagner le texte a autant d’importance aussi

Pour vous le théâtre est l’occasion de raconter des histoires au plus grand nombre. Vous êtes comédienne et professeure de théâtre mais pas metteure en scène. Avez-vous contribué à l’écriture d’une pièce ou pensez-vous prendre cette initiative plus tard quand vous n’exercerez plus ?

Oui exactement, je ne sais pas comment vous l’avez deviné mais effectivement l’une des choses que j’aimerais vraiment faire à l’avenir ce n’est pas forcément mettre en scène mais raconter des histoires non plus en accompagnant des comédiens ou en étant moi-même comédienne, mais en écrivant.

Vous nous avez dit lors d’une des interviews des années précédentes que « l’utilité principale de l’acteur est son corps en fonction de l’histoire du pays d’où il vient ». Pensez-vous que le langage corporel change d’un pays à un autre au théâtre aussi ?

Oui, je pense que, effectivement d’un pays à un autre cela change parfois considérablement, parfois pas tant que cela mais en fonction de l’endroit où on vit effectivement. Je ne sais pas par exemple imaginons qu’on raconte une histoire qui se passe dans une cuisine, les outils utilisés pour cuisiner l’espace dans lequel on cuisine n’est pas le même. Donc d’un acteur à l’autre cela va changer mais je pense que la grande richesse des comédiens c’est aussi celle-là c’est de traverser les frontières et d’être totalement capable, d’épouser, de trouver avec leur corps marqué par une culture un autre corps aussi. On voit bien des acteurs qui sont français et qui jouent du Shakespeare et Shakespeare n’a pas vécu en France et n’a pas vécu en France au 20ème siècle et on continue à jouer Shakespeare donc je pense que c’est aussi cela la capacité des acteurs. Le corps change d’un pays à l’autre la gestuelle change mais l’acteur est capable quel que soit le pays d’où il vient d’épouser n’importe quel corps. C’est cela aussi la richesse des acteurs.

Nous savons que vous faites seulement du théâtre contemporain et vous ne jouez jamais du classique. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez cette préférence ?

Alors ce n’est pas vraiment une préférence c’est que j’ai joué du classique au lycée mais après dans ma vie professionnelle l’occasion ne s’est pas présentée et si elle se présentait j’en serais ravie.

Que représente l’authenticité sur scène pour vous ?

L’authenticité sur scène c’est le travail d’une vie. C’est le principal travail de l’acteur. Rester lui-même tout en étant un autre, rester lui-même tout en racontant une histoire qui n’est pas la sienne et ce faisant, faire que ce soit son histoire le temps de la représentation.

Vous participez en tant que jury au festival des Tevfik d’Or depuis de nombreuses années. Y-a-t-il d’autres organisations similaires auxquelles vous y assister au même titre ? Pourquoi ?

Non malheureusement non ou heureusement parce que je suis très contente de venir au Tevfik d’Or. En général je participe à d’autres festivals mais pas en tant que jury.

Aysu Özdal et Ekin Cansız