Entretien avec Uğur Aktaş
responsable de la troupe du lycée Saint-Benoit
Est-ce la première fois que vous êtes responsable d’une troupe ?
Non. J’ai créé une troupe de théâtre quand j’étais à l’Université d’Istanbul: le Théâtre Choc en 1988. Et ,avec la même troupe je continue à monter des pièces de théâtre avec les anciens élèves de Saint-Benoit et avec mes élèves de Choc.
Pensez-vous continuer à mettre en scène des pièces ? Pourquoi ?
Biensûr, je pense. Parce que quand on aime un métier, une branche artistique, on a envie de continuer parce qu’on aime notre travail.
Est-ce que c’est vous qui avez écrit la pièce ou bien c’est une adaptation d’une pièce qui existe déjà ?
Ce n’est pas une adaptation qui existe déjà mais c’est un roman qui date des années 1800 qui a été écrit par Ahmet Hilmi. On dit que c’est le grand-père de Barış Manço. Je ne suis pas sûr mais c’est ce que j’aientendu. C’est un écrivain ottoman qui était aussi élève du lycée Galatasaray à l’époque et qui avait écrit cette œuvre. C’est un roman que j’ai traduit en français et que j’ai interprété au théâtre.
Pourquoi avez-vous choisi de mettre en scène cette pièce ?
J’avais écrit cette pièce il y a fort longtemps. Je l’ai choisie parce qu’on parle dans cette pièce de la philosophie et du soufisme et ça fait partie de mes centres d’intérêt. Cette philosophie m’intéresse énormément . C’est pour cela que j’ai voulu partager cette manière de pensée turque avec les francophones et les Français.
Quels sont vos critères lors de l’audition des acteurs ?
Je ne choisis pas. Ce sont eux qui choisissent. Mes élèves choisissent ce club. On essaie d’attribuer les rôles à partir de leur envie et de leur capacité. Je ne fais pas vraiment de choix strict mais je le laisse aux élèves. S’ils ressentent, s’ils intériorisent leur rôle, je leur permets de jouer le personnage qu’ils désirent.
Quelle est la partie que vous préférez le plus dans la pièce ? Pourquoi ?
Il y a plusieurs parties que je préfère. Le roman était trop long et j’ai choisi les parties les plus intéressantes, les parties qui m’ont beaucoup impressionné dans ce roman. Peut-être le final, je ne sais pas, je ne suis pas sûr. C’est un tout.
Dans le théâtre qu’est-ce qui vous semble le plus difficile à gérer en cas de problème ? Pourquoi ?
Ce sont les absences. Les élèves s’absentent beaucoup. Et cela, me dérange. Ils ont toujours des excuses et parfois ils rusent. Excuses et ruses, c’est autre chose. La ruse d’inventer des prétextes pour ne pas venir, cela me démotive. Mais cette année ma troupe était très sérieuse pendant les répétitions.
J’ai une très bonne troupe et je voudrais les remercier par votre intermédiaire, dans le journal. Ils étaient toujours efficaces pendant les répétitions. Je les remercie mille fois.
Pour la mise en scène d’une pièce, quelle est pour vous la chose la plus difficile à mettre en place ? Pourquoi ?
La mise en scène, ce n’est pas trop difficile pour moi, je crois. Mais ce qui est difficile, c’est l’interprétation des élèves. Cela veut dire que, s’ils n’arrivent pas vraiment à intérioriser, à vivre le personnage, la mise en scène tombe à l’eau. Il faut changer de mise en scène d’après la performance des élèves. Je ne dis pas qu’ils sont infra-performants mais parfois certains n’ont pas la voix ou bien le corps ou bien la réaction ou le tempérament du personnage que j’imagine et souvent je me sens obligé de changer toute la mise en scène. Et cela devient un peu lassant.
Quelle est votre personnage préféré dans le théâtre ?
Pourquoi ?
La pièce s’appelle Raadji mais ce n’est pas mon personnage préféré même s’il est bien et que je l’aime aussi comme tous les autres personnages. C’est le Père-Aux-Glaces. Je le trouve sympathique et un peu fou. Il faut être un peu fou dans la vie pour résister et digérer tout ce qui se passe autour de nous. J’aime bien le message que donne le Père-Aux-Glaces qui est un homme vraiment sage, modeste. Il vit dans un cimetière et il a un cœur très très grand. Il a une philosophie infinie, illimitée et universelle.
Selcen SOLAK