Entretien avec les membres du jury vendredi

Entretien avec Monsieur Bruno Denecker

membre du jury

Quel est votre métier ? Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce métier ?
Je suis comédien metteur en scène et je dirige une compagnie de théâtre professionnel à Paris. C’est un choix que j’ai fait quand j’étais petit. J’ai toujours été attiré par ce métier là. Je pensais que c’était quelque chose d’impossible à faire et finalement j’ai grandi, j’ai participé à des cours du soir de théâtre et après je suis parti faire une école professionnelle de théâtre à Paris. Je fais du théâtre en continue depuis 1985 et ça commence à faire vieux, je ne suis plus si jeune que ça.

Est-ce que vous êtes parti dans différents pays ? Si oui, comment vous pouvez comparer les pièces de théâtres qui ont lieu à l’étranger ?
Je vais rarement voir des pièces de théâtre à l’étranger. Je vais voir essentiellement des pièces en France. Sauf si je suis à l’étranger, je peux en voir quelques fois à l’occasion. C’est surtout des comédies musicales. Par exemple je ne vais pas voir de pièces turques car je ne comprends pas le turc. Mais ce que je peux essayer de voir, c’est le comportement des gens, les émotions, tout ce qui peut attirer l’œil et l’émotion du spectateur. Et de deviner ce qui se passe, c’est un travail qui donne des maux de têtes à la fin. Et si le spectacle dure très longtemps, je m’endors au bout d’un moment.

Est-ce que vous pouvez vivre de votre art ?
Et bien ça fait depuis 35 ans que je suis dans le métier. Je peux dire que oui, je vis de mon métier car je n’ai jamais fait autre chose.

En France sur quels projets travaillez-vous? Faites-vous des interventions dans les écoles ?
J’ai fait beaucoup d’interventions à l’époque dans les écoles. Pour l’instant je n’en fais plus. Mais je peux en faire quand il y a des demandes. En ce qui concerne ma propre compagnie, il y a des ateliers où l’on fait des mises en scène avec des enfants, des ados, des lycéens. On travaille ensemble et on monte des spectacles. Nous travaillons soit sur des textes que j’écris moi-même ou bien sur des adaptations. Comme j’ai des groupes de 10, 12, 13 ou 8, je réadapte le texte, je réinvente des personnages en fonction du nombre d’élèves pour que tout le monde puisse avoir un rôle.
Sinon, moi, en tant que simple metteur en scène, par le biais de ma compagnie, je travaille aussi avec des adultes. C’est moi qui me déplace.

Quels sont les critères que vous recherchez chez les acteurs ?
Il faut que les enfants soient assidus, consciencieux, qu’ils soient présents, qu’ils aient envie de faire du théâtre. Alors évidemment, il y en a qui ne le sont pas car ils pensent que le théâtre est un moment de récréation et de liberté. Le théâtre est un moment de liberté mais avec certaines règles. Sinon, on ne peut ni avancer ni progresser. Le plus important pour progresser c’est de suivre ces règles. Donc s’il y a des enfants qui ne suivent pas ces règles, il faut les renvoyer, ne pas les accepter.

Dans les pièces que vous venez de voir dans notre école, y-a-t-il quelque chose de spécial que vous cherchez chez un acteur / une actrice ?
Nous, en tant que jurys, on va essayer de voir la pièce qui sort du commun
Pour le meilleur comédien ou la meilleure comédienne, on va chercher quelqu’un qui va se distiguer des autres. Cette personne ne sera pas forcément formidable mais ce sera une personne à laquelle nous serons sensible. La sensibilité est une chose très importante. Cette personne doit pouvoir nous toucher. Après, si cette personne, il ou elle, a une technique derrière, une personne qui en veut à fond, c’est un plus. Là, on peut se dire que c’est une bonne ou un bon comédien.
Pour moi, ce n’est pas le thème de la pièce, c’est comment le metteur ou la metteuse en scène a réussi à emmener sa pièce et comment il ou elle a réussi également à emmener ses comédiens, c’est à dire, le plus haut possible. Il faut également y croire car si dans le groupe il y a des élèves, des comédiens qui sont là juste pour s’amuser, pour être avec leurs copains, copines, c’est plus difficile. Ces élèves, on doit toujours être derrière eux, les tirer vers le haut. C’est vraiment perturbant pour les élèves qui sont vraiment présents, qui veulent réussir et qui, eux, ont envie de bien faire. Donc tout cela, peut-être des points négatifs par rapport au résultat pour la pièce. Mais cela ne veut pas dire que même si la pièce n’est pas très bonne, il ne peut ne pas y avoir de meilleur comédien ou de meilleure comédienne dans cette pièce.

Quels sont les côtés des Tevfik d’Or que vous préférez ?
C’est une bonne organisation. Ce que j’aime bien dans l’organisation c’est que tout le monde est dedans, il n’y a pas que les troupes, il y a vous par exemple qui êtes journalistes, photographes. Vous avez un autre rapport et vous êtes impliqués dans le festival. Comme l’équipe des professeurs, les gardiens… Tout le monde est concerné, c’est un ensemble et c’est la fête pour tout le monde. Ici c’est vraiment une belle fête car il y a un travail global et tout le monde se sent concerné. Vous êtes tous impliqués pour atteindre le même objectif et cela se ressent car il y a beaucoup d’attention de votre part. On sent vraiment qu’on est invité et cela vous le faites bien ressentir. Par exemple, quand nous, nous allons dans d’autres endroits pour le théâtre, quelque fois on a ce sentiment de ne pas être les bienvenus sur place. Mais ici ce n’est pas le cas.
Deniz Neva GÜLKAL – Tuğçe SERİNKEN