Du côté des spectacles “Antigone et les fossoyeurs “ de M. Roux par la troupe du lycée Charles de Gaulle Ankara

La dernière pièce que nous avons vue était « Antigone et les fossoyeurs » par la troupe du lycée Charles de Gaulle. Comme c’était aussi la troisième version d’Antigone à laquelle nous assistions, nous aurions pu être lassés…

Et pourtant, dès le lever du rideau, l’originalité du décor nous a plongés dans une nouvelle Antigone : nous nous trouvions en effet dans un cimetière avec quelques tombes, un arbre, une lune, des bougies. En arrière-plan, une image de cimetière en négatif était projetée sur un écran.

Deux fossoyeurs discutaient dans ce cimetière quand Antigone entra en scène traînant le corps de son frère par le pied. Ils lui ont alors expliqué qu’elle ne se trouvait pas dans la bonne pièce de théâtre, qu’eux étaient dans la pièce Hamlet. Le personnage devant interpréter Hamlet est ensuite entré sur scène et a annoncé que le metteur en scène était mort.
Cette pièce est donc une mise en abyme, du théâtre dans le théâtre. On retrouvait cet aspect par exemple au passage de la scène suivante lorsqu’une actrice-technicienne est venue décrocher la lune et l’a remplacée par le soleil, nous montrant astucieusement les coulisses du théâtre.

La crise dans le théâtre permettait également un parallèle intéressant avec la crise mondiale. « L’argent est mort » a annoncé la jeune Antigone ravie face à l’interprète d’Hamlet qui réclamait le retour du metteur en scène et donc de l’autorité, de l’ordre établi.

La troupe du lycée Charles de Gaulle a fait le choix d’un texte riche et complexe qu’ils ont réussi à interpréter avec brio. Leur prononciation était claire. On aurait aimé cependant que les textes soient énoncés un peu plus lentement, qu’il y ait davantage de pauses dans le jeu.

Pour conclure, Antigone et les fossoyeurs était une pièce à la fois politique et comique, intelligente et amusante qui donnait une conclusion parfaite à ces Tevfik d’Or. Les acteurs ont su nous entraîner dans cette pièce complexe et nous les en félicitons.

Laetitia Merand et Charlotte Broutin