INTERVIEW AVEC MADAME LA DIRECTRICE

Le festival de théâtre les Tevfik d’Or a lieu chaque année au mois de mai. Quels sentiments éprouvez-vous à la fin de chaque festival ?

Chaque année j’éprouve de l’émotion, de l’anxiété pour que tout cela se passe bien et de la joie aussi.

La capitale d’un pays n’est pas forcément la capitale culturelle. Pensez-vous avoir une mission culturelle en tant que directrice des établissements Tevfik Fikret pour les jeunes Ankariotes francophones ?

Bien sûr que j’y pense, car Ankara a toujours été une ville culturelle. Ankara existe depuis la République avant c’était un petit bout de ville mais pendant les premières années de la République, Ankara est devenue aussi une capitale culturelle et ça a duré très longtemps et ça dure encore. Disons que les jeunes d’Ankara sont d’un niveau culturel élevé. C’est vrai que les grands chanteurs, les shows business se passent plutôt à Istanbul, mais nous sommes une école francophone, nous sommes une école qui suit toujours les principes et les idées d’Atatürk, nous sommes une école républicaine. Donc il faudrait que cette tradition continue à Ankara. Et le théâtre est un des moyens de faire vivre cette tradition. En plus nous avons la mission de former les jeunes ; les adultes de demain. Donc il faudrait que les jeunes vivent ces événements au sein de leur établissement.

Chaque année, en tant que directrice générale, vous soutenez l’équipe organisatrice et vous mettez tous les moyens à disposition des élèves pour l’aboutissement de ce festival. Que gagnent, d’après vous, les élèves quand ils s’occupent d’une organisation d’une telle ampleur ?

Vous savez que dans le monde actuel ou dans le monde de demain le travail en équipe est très important. L’individualisme, surtout dans les domaines de travail va perdre de son importance. Donc les jeunes, en prenant les responsabilités d’une organisation, apprennent comment partager les tâches et comment gérer aussi les crises. Parce que dans une organisation comme la nôtre où il y a plus d’une centaine de jeunes qui viennent de l’extérieur, évidemment, il y a des moments de crises. Et là, il faut savoir prendre l’initiative, résoudre les problèmes je pense que ce sont des compétences qui serviront à nos jeunes dans leur vie d’adulte.

Il y a forcément des troupes qui reçoivent un prix et d’autres qui n’en reçoivent pas. Que pensez-vous des prix et de leur répartition ? Pourquoi ?

Moi je suis tout simplement une spectatrice. J’aime beaucoup le théâtre. Mais je ne suis pas professionnelle du domaine. Donc je fais confiance à des professionnels qui décident du prix. Vous savez dans mon esprit, l’essentiel ce n’est pas de gagner un prix c’est d’avoir ce courage de monter sur scène, de jouer devant les autres, de prendre plaisir de ce qu’on fait. C’est bien si on est couronné d’un prix mais tout ce qu’on vit pendant ces 4 jours de festival est beaucoup plus important que le prix.

Pendant le festival, nous voyons rarement sur scène des pièces de théâtre classique. Pourquoi, à votre avis, les responsables de troupe évitent-ils les classiques ?

Je ne sais pas. Il faut leur poser la question. Moi, qui aime beaucoup l’époque classique j’aurais bien aimé voir plus de pièces de l’époque classique. C’est aux metteurs-en-scène et aux comédiens qui montent sur scène de décider de ce qu’ils vont jouer, de ce qu’ils vont monter comme pièce.

C’est la 18ème édition des Tevfik d’Or. Pour les années suivantes, pensez-vous apporter des modifications ou bien, selon vous, est-il préférable de garder le même contenu ? Pourquoi ?

Moi je suis toujours ouverte à des nouveautés. Mais les changements ne doivent pas venir de moi, plutôt de la part des jeunes, des metteurs en scène et des professeurs responsables des troupes. Si ce sont des changements qui vont dans le sens de l’amélioration de notre festival, pourquoi pas.