İnterview avec la responsable de l’atelier 1

Albertine İttela

Bonjour, bienvenue au Tevfik D’or. Tout d’abord on voudrait vous connaître. Est-ce que vous pouvez nous parler de vous ?
Je suis Albertine Ittela. Je suis comédienne. J’ai commencé à faire du théâtre en 1997. L’année prochaine ça va faire 20 ans. J’enseigne le théâtre depuis 5 ans.

Comment avez-vous décidé de participer au Tevfik d’Or ?
Ce n’est pas la première fois que je participe aux Tevfik d’Or. Ce n’était pas vraiment une décision personnelle. C’était une proposition qui m’a été faite par Philippe Boulay qui est aussi membre du jury et qui y participait déjà. Il m’a dit qu’il manquait un membre de jury. J’ai trouvé ça intéressant parce qu’effectivement j’enseigne le théâtre depuis pas mal d’années. Je suis une francophile et j’aime la langue française. Savoir que j’allais passer quelques jours avec des élèves turcs qui apprennent le français et qui le parlent, qui jouent des pièces en français, ça m’a intéressée.

Quelle est la place du théâtre dans votre vie ? Et selon vous quelle doit être la place du théâtre dans notre vie ?
Bon c’est simple, c’est mon métier qui me permet de gagner ma vie mais aussi de me construire, parce que je pense que quand on a un métier comme celui-là, on ne fait pas seulement ses heures de travail et on rentre chez soi, on y pense tout le temps. On entend du théâtre partout, on est tout le temps en train de penser à ce qu’on va pouvoir prendre dans la vie de tous les jours pour la mettre dans ce qu’on va créer, c’est un aller-retour incessant.
Là je suis très mal placée car je n’ai aucune leçon à donner mais ce que je trouve intéressant c’est qu’aux élèves, ça leur apprend à travailler ensemble.
Parce que dans un parcours scolaire on est souvent seul face à ses cours, face à ses examens, et on ne travaille pas beaucoup avec ses camarades de classe. Ce qui est intéressant dans le théâtre, c’est qu’il n’y a pas de perdant ou de gagnant, on réalise quelque chose ensemble, tout simplement. Quand ça se passe bien c’est forcément une joie partagée, quand ça se passe mal (ça peut arriver) on est jamais vraiment tout seul, même dans un monologue, même dans un spectacle avec une seule personne sur scène, il y a des techniciens, il y a des personnes qui font la production, la personne qui s’occupe des costumes, c’est vraiment un travail collectif. Je pense que le théâtre nous apprend tout ça.

Malgré les évènements que nous avons vécus à Ankara, pourquoi avez-vous accepté de venir ?

Mais j’habite à Paris, il y a eu une explosion à paris et je n’ai pas décidé de déménager et de quitter Paris. Donc à partir du moment où un certain nombre d’attentats mortels terribles ont eu lieu juste à côté de chez moi et que je n’ai pas décidé de changer de ville ou de pays, je ne vois pas pourquoi je ne viendrais pas à Ankara. De toute façon on est dans un monde compliqué et malheureusement on est de moins en moins sûr qu’une catastrophe ne nous attend pas. Entre les attentats et la criminalité urbaine dans certains pays, le meilleur moyen de résister c’est de continuer à faire ce qui nous semble nécessaire.

Pourquoi avez-vous choisi de faire cet atelier ?
Alors c’est pareil, une fois qu’on vient en tant que membre du jury, c’est quelque chose qui nous est proposé, comme je le disais à Paris j’enseigne à l’université, mais j’enseigne aussi au lycée et en fait je crois que j’aime bien travailler avec les adolescents. J’aime bien cette tranche d’âge (entre 15 et 18 ans), c’est parfait. J’apprends autant que ce que je peux transmettre.
C’est jamais les mêmes élèves, c’est jamais la même énergie, donc je suis obligé d’être à l’écoute, de trouver en moi-même des choses nouvelles à chaque fois, c’est un bon défi. En général ça se passe bien.

Deniz Kulakoğlu-Beyza Gül Karakum